Facteurs ou secteurs, quels drivers pour les marchés actions ?

16 septembre 2022

Différentes approches académiques et philosophies existent pour la construction de portefeuille. Le choix du cadre théorique ou académique est ainsi le premier exercice délicat qui s’impose à tout allocataire d’actifs. Difficile toutefois de faire un choix définitif sur la meilleure approche à adopter dans un contexte d’innovation financière continue, de changements fréquents de régimes de marchés et de performances relatives variables de chacune de ces méthodes.

Nous allons aujourd’hui mettre en avant les résultats des dernières études comparant les approches factorielles à celles utilisant des séries temporelles de rendements historiques pour la détermination des rendements attendues des marchés actions et essayer d’identifier les éléments clés permettant de faire un choix éclairé.

Que dit la recherche académique la plus récente ?

Largement étudié par la recherche académique depuis déjà plusieurs décennies avec la fameuse étude de Fama et French (1988,2002), l’investissement factoriel n’a cessé depuis de prendre une part de plus en plus importante dans la recherche académique. L’innovation financière a également saisi cette opportunité pour proposer des stratégies et des produits d’investissements divers et variés comme les ETF Smart Beta faisant appel à des facteurs nouveaux et à des méthodes quantitatives de plus en plus complexes.

Les dernières études, comme celle de Tessaromatis et Sakkas (Forecasting the Long-Term Equity Premium for Asset Allocation, Financial Analysts Journal, 2022) réalisée sur le marché actions U.S et ceux de 11 autres pays développés, continuent de soutenir l’idée que les modèles prédictifs appuyés sur une approche factorielle apportent une surperformance statistiquement significative sur le long-terme comparés aux modèles de portefeuilles construits sur la base des modèles les plus connus qui utilisent les rendements historiques des portefeuilles. 

Alors que les stratégies factorielles (dont la Smart Beta) sont souvent utilisées comme des briques complémentaires dans la construction de portefeuille, certaines études comme celles de Stefano Cavaglia; John Hua Fan; Zhenping Wang (Portable Beta and Total Portfolio Management, Financial Analysts Journal,2022) tendent à montrer que l’intégration des stratégies ARP (Alternative Risk Primea) dans la construction du cœur de portefeuille à partir d’une approche tendant à diversifier les expositions factorielles améliorent de façon significative le ratio de Sharpe et donc le couple rendement-risque d’un portefeuille.

Il semble donc y avoir un consensus de plus en plus large sur l’intérêt de capter les primes de certains facteurs sur le long terme mais qu’en est-il de leurs performances relatives à court terme comparées à un indice de référence ?

Quels sont les facteurs qui ont le mieux résisté au S1 de cette année et pourquoi ?

L’analyse de la performance relative des facteurs par rapport aux indices de référence montre des résultats différents au S1 de cette année en fonction de la zone géographique retenue et ce principalement à cause de la divergence des politiques monétaires des différentes banques centrales et en particulier entre celles des pays développés, qui ont connu une hausse des taux, et la Chine qui a eu une politique plus accommodante. Il en ressort également une importante sous-performance du facteur qualité et une sur-performance importante des stratégies « value » et « minimum volatility ». 

Tout est question de sous-jacent : Sector is King

Source : Morningstar, L’Allocataire, MSCI, données au 31/8/2022

La faible exposition de la Value à la tech et sa surexposition à l’énergie et aux Utilities ont été les principaux moteurs de performance au S1. À l’inverse, la surexposition des facteurs Quality et Growth à la tech et leur sous-exposition au secteur de l’énergie a pesé sur leurs performances relatives, faisant d’eux les contributeurs les plus négatifs de l’indice MSCI World. Le facteur Qualité, qui est censé protéger les portefeuilles grâce entre autres à la solidité bilancielle des entreprises qu’il comprend, n’a pas joué son rôle attendu. Il en ressort ainsi de façon assez limpide que sur le court terme et en période de retournement des marchés, une approche sectorielle est plus pertinente, ou du moins, elle reste celle qui prime dans la performance des marchés et des facteurs.

Ahmed Khelifa, CFA