Risques géopolitiques et construction de portefeuille : Les erreurs de l’évident

Une invasion militaire, une guerre par procuration ou encore une guerre commerciale, comment construire un portefeuille résilient à ce type de risques ?

1. Les leçons du passé :

Les leçons du passé nous ont prouvé qu’il fallait faire attention aux conclusions hâtives. Prenons comme exemples ce qui s’est produits lorsque l’administration Trump a introduit des taxes douanières sur les produits automobiles chinois. À prima bord on aurait pu se dire qu’il aurait fallu simplement réduire les expositions sur l’industrie chinoise étant donné que le marché US et le premier marché de cette industrie. Or on a constaté que les constructeurs automobiles européens et en particulier allemands étaient les plus grands perdants pour une raison simple, la production de ces constructeurs à destination du marché US se faisait principalement En Chine. La mondialisation a donc rendu beaucoup plus complexe la construction d’un portefeuille résilient une période de troubles géopolitiques. L’exposition à des économies peut intégrer à la chaîne de valeur mondiale comme l’Inde pourrait servir d’amortisseur. L’anticipation des pays gagnants vers lesquels une éventuelle bascule pourrait se faire est également un exercice complexe mais nécessaire.

Globalization made it much more complex to construct a portfolio that could resist any geopolitical issues. Exposure to economies can integrate into the global value chain like India could act as a shock absorber. The anticipation of winning countries to which a possible switch could also happen is also a complex but necessary exercise.

Ce fût par exemple le cas pour l’économie Vietnamienne qui a connu un boom avec le transfert d’une partie de la production chinoise vers les usines vietnamiennes, échappant ainsi aux nouvelles taxes douanières américaines.

2. Matière première : Un hedge parfait ?

Les matières premières ont pu sortir leur épingle du jeu pendant la guerre d’Ukraine dans un contexte de tensions inflationnistes et pour des raisons spécifiques qui ne seraient peut-être plus valables si la Chine venait à indexer Taïwan.

On ne parlerait peut-être plus à ce moment-là de gaz, de pétrole ou de blé mais plus de semi-conducteurs ou de terres rares dans un environnement de récession économique provoquant des pressions déflationnistes.

3. Les valeurs refuges :

Dans le cas de l’éclatement d’un conflit Sino-Américain le dollar serait-il encore considéré comme une valeur refuges par les investisseurs ? Les obligations d’Etat Chinois serviraient-elles encore à désensibiliser les portefeuilles ? Autant de questions qui nécessitent de reconsidérer le sens de l’ensemble des corrélations entre les différentes classes d’actifs.

En conclusion, une analyse détaillée de la répartition géographique des chaînes de valeurs de chaque industrie est nécessaire pour identifier les éventuels gagnants et perdants d’une telle crise. Ainsi une allocation indépendante faisant à la fois appel, aux ETF avec le niveau de granularité unique qu’ils apportent sur des expositions sectorielles et géographiques de niche mais également à de la gestion active sur certaines classes d’actifs avec une forte génération d’alpha en période de marché baissiers, pourrait apporter un niveau de résilience élevé aux portefeuilles.

Ahmed Khelifa, CFA