Peut-on se fier les yeux fermés aux chiffres disponibles pour les investisseurs comparant les performances de la gestion active à celles des ETF ? Reflètent-ils l’ensemble des opportunités disponibles sur le marché pour construire son portefeuille et surperformer ? Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur ce qui se cache derrière les chiffres.
Les idées reçues sont à la finance ce que les fausses croyances sont au développement personnel. En psychologie, elles empêchent d’atteindre son maximum. Dans le débat gestion active vs ETF, elles sont une entrave à la construction de portefeuilles optimaux. En voici trois, solidement ancrées à ce jour :
1. Tous les fonds actifs qui ont été liquidés sont des fonds qui ont sous-performés les ETF
Faux : On ne ferme pas uniquement un fonds parce qu’il ne performe pas. Il existe de nombreuses raisons pour lesquelles un fonds peut être liquidé : telles que la fusion de fonds, regroupement de classes de parts, le chevauchement de stratégies, la taille insuffisante ou même le départ à la retraite du gérant.
2. Le pourcentage de gérants actifs surperformant les ETF entre deux dates fixes reflète l’ensemble des opportunités de surperformer auxquelles ont eu accès les investisseurs sur une période
Faux : Il faut prendre en compte l’ensemble des fonds actifs existants pendant la période et pas seulement ceux encore présents entre les 2 dates fixes. En effet, car qu’en est-il de la performance des fonds qui ont été créés durant la période et auxquels les investisseurs ont eu accès pour générer de la performance ?
3. Sur les 10 dernières années, 15% des fonds actifs sur actions européennes ont surperformé les ETF.
Faux : Ce n’est pas 15% mais 44% des fonds actifs sur actions européennes qui surperforment les ETF sur leur durée de vie respective.Le chiffre de 15% retenu par le marché est inexact car Il ne prend pas en compte la totalité des fonds présents sur l’ensemble de la période : comme les fonds ayant expiré ou les nouveaux fonds.
L’écart provient aussi d’une différence de méthodologie. Il concerne non seulement le traitement du biais du survivant (c.-à-d. comment prendre en compte les fonds n’existant plus) mais aussi la photo des fonds pris en compte pour le calcul.
La méthodologie du marché se fonde sur :
- l’hypothèse que les fonds qui n’existent plus sous performent
- Un calcul entre deux dates fixes en ignorant ainsi ce qui arrive entre les deux.
La méthodologie retenue par le marché est inexacte car elle repose sur des erreurs et des simplifications. Elle est trompeuse et peut entraîner des mauvaises décisions d’investissements.
Prenons un exemple à partir de l’univers des actions européennes1 pour mieux comprendre
Sur 100 fonds actifs en début de période, 40 fonds survivent sur toute la période et 15 surperforment les ETF entre le début et la fin de la période. Au cours de la période, 114 nouveaux fonds actifs sont créés. Les études publiées sur le marché (Morningstar et SPIVA) utilisent le nombre de fonds qui ont surperformé parmi ceux qui ont survécu sur l’ensemble de la période (15). Et ils le comparent au nombre total de fonds au début de la période (100). Le pourcentage de fonds ayant surperformé est donc de : 15 % (15/100). Cela ne prend pas en compte les nouveaux fonds. Il suppose également que les 60 fonds qui n’existent plus ont sous-performé.
Ceci est inexact. En effet, sur l’ensemble de la période, ce n’est pas 100 fonds mais 214 auxquels ont pu accéder les investisseurs. Parmi les fonds qui ont disparu sur l’ensemble de la période, 28 avaient surperformé. Et parmi les nouveaux fonds créés après le début de la période, 50 ont surperformé. Donc au total, ce n’est pas 15 mais 93 fonds (15+28+50) qui ont surperformé les ETF, soit 44% (93/214).
Pour calculer le pourcentage de gérants actifs qui surperforment, la méthodologie choisie fait donc une grande différence.
La recherche de BSD Investing prend en compte dans ses calculs les performances de l’ensemble des fonds actifs et des ETF sur la même indexation, qui ont existé sur l’ensemble de la période et mesure leur performance par rapport aux ETF durant leur durée de vie respective. C’est le seul moyen d’avoir une vision exacte de ce qui a réellement surperformé. Et ainsi de construire des portefeuilles optimaux.
Quel est l’impact en termes de décisions d’investissement ?
Il ne s’agit pas de prendre parti pour l’un ou l’autre des styles de gestion. Il est temps de s’affranchir des idées reçues en s’appuyant sur des données exhaustives et fiables qui donnent une vision exacte de ce qui a réellement surperformé pour prendre des décisions d’investissement optimales.
Nos analyses statistiques fondées sur des données équitables démontrent le rôle incontournable pour les investisseurs des deux styles de gestion. Les investisseurs doivent pouvoir sélectionner le bon style de gestion en fonction des différentes phases de marché et des différentes classes d’actifs ou stratégies d’investissement.
Nous sommes convaincus que les investisseurs doivent avoir accès à des données exhaustives et fiables pour bien choisir entre les fonds actifs et ETF et construire des portefeuilles optimaux.
Marlene Hassine Konqui
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