Les investisseurs ont-ils privilégié les stratégies factorielles ou sectorielles dans ce contexte chaotique ? Quelle est la place du smart Beta dans les portefeuilles des investisseurs ? Le contexte économique et financier mouvementé de cette année 2022 a-t-il remis en question l’appétit des investisseurs pour l’investissement durable ? Que s’est-il passé en août sur les flux ?
Marlene Hassine Konqui, membre de la commission ETF de la SFAF, analyse les flux depuis le début de l’année 2022, vers les gestions indicielles et non indicielles, grâce à la base de données propriétaire de BSD Investing et aux données de Morningstar pour établir des comparaisons justes et prendre des décisions d’investissement optimales.
Un retour en grâce du Smart Beta
En Europe, alors que les stratégies de Smart Beta ne représentent que 5% des encours de la gestion indicielle, elles totalisent 12% des flux entrants (selon la classification de Morningstar), soit 9Md€ depuis le début de l’année. Ces stratégies collectent 17% des flux vers la gestion indicielle actions soit dont 70% vers des stratégies de dividende et le restant vers des stratégies value et orientées vers le risque. À titre de comparaison, les stratégies de Smart Beta représentaient 7% des flux en 2021.
Aux Etats Unis, Les stratégies de Smart Beta représentent 15% des encours de la gestion indicielle et 28% des flux entrants en 2022 soit près de deux fois plus qu’en 2021 ou le Smart Beta représentait 15% des entrées. Il s’agit d’un record sur les 5 dernières années. A noter 46% des flux vers les actions américaines en 2022 sont des flux vers des fonds indiciels de Smart Beta. Ce chiffre est à comparer avec 31% en 2021. En 2022, 50% des flux Smart Beta sont allés vers des stratégies de dividendes, 16% vers la Value et 15% vers le facteur Growth.
Les investissements sectoriels plébiscités
Alors que la collecte sur les fonds actions indiciels et non indiciels est au total inférieure à 20Md€ depuis le début de l’année, la collecte sur les secteurs approche les 16Md€. 66% de ces flux se dirigent vers la gestion non indicielle, 25% vers la gestion indicielle. Les fonds non indiciels sur les secteurs enregistrent des entrées de 10Md€ alors qu’au total les fonds actions non indiciels décollectent de 35Md€ sur l’année. Sur ce segment, les investisseurs ont privilégié les secteurs Ecologie, Infrastructure et énergie alternative cette année au détriment des fonds du secteur technologique et de celui des biens de consommation qui enregistrent des sorties. La collecte des fonds sectoriels indiciels représente quant à elle, 11% de la collecte totale. Sur ce segment, des sorties des fonds du secteur financiers et des entrées vers celui de l’énergie sont à constater. Elles sont le reflet de prises de position plus tactique de la part des investisseurs grâce aux fonds indiciels dans un contexte de hausse des taux et des prix de l’énergie.
Flux vers les fonds sectoriels (M€)
Sur l’année, dans un contexte de fort recul des flux, l’attrait pour l’ESG principalement en gestion non indicielle et pour la gestion indicielle se poursuit
Dans ce contexte de crise géopolitique et d’incertitudes sur l’évolution de l’économie, sur le marché des fonds, les flux ont affiché des sorties de 38Md€ depuis le début de l’année. La gestion indicielle tire son épingle du jeu avec 76Md€ d’entrées contre 114Md€ de sorties de la gestion non indicielle depuis le début de l’année. Les flux ESG totalisent 91Md€ d’entrées sur la même période, essentiellement sur la gestion non indicielle. Depuis le début de l’année et sur l’ensemble des classes d’actifs, les flux continuent d’être positifs vers les investissements responsables : au total 91Md€ dont 53% pour la gestion non indicielle. Les performances de ces fonds ont été soutenues par le rebond des valeurs de croissance auquel on a assisté cet été. Toutefois, comme le révèle l’analyse des flux long terme, l’intérêt des investisseurs pour les investissements responsables est le reflet d’une évolution structurelle des portefeuilles. Le total cumulé des flux sur cinq ans fait toujours apparaître un avantage pour la gestion active durable à 565Md€, contre 265Md€ pour la gestion indicielle.
Flux vers les fonds domiciliés en Europe (Md€)
Les flux totaux continuent leur tendance négative en août 2022 malgré le rebond de la collecte sur les fonds obligataires
Les flux vers la gestion indicielle ont été flat en août. Les flux vers la gestion non indicielle ont continué à être négatifs de 8Md€.
Après 7 mois de décollecte de la gestion non indicielle obligataire, on a assisté en août à un retournement, avec le premier mois de collecte positive. Au total en août, la gestion non indicielle obligataire collecte 4Md€ et la gestion passive 6Md€. Ces investissements ont été soutenus par une détente des rendements obligataires et des anticipations de moins fortes hausses de taux, au moins sur la première partie du mois.
La gestion action a, quant à elle poursuivi sa décollecte tant en gestion non indicielle qu’indicielle avec respectivement 13Md€ et 5Md€ de sorties. Le rebond du marché puis le retournement fin août ont suscité nombre de réallocations tactiques.
Flux mensuels sur les fonds de placements collectifs obligataires domiciliés en Europe
Malgré la très forte sensibilité des flux à l’évolution de la conjoncture économique et financière et les réallocations tactiques auxquelles on a assisté cet été, les grandes tendances se poursuivent, les portefeuilles des investisseurs deviennent structurellement plus responsables et la gestion passive s’affirme comme incontournable à côté de la gestion active, notamment sur les stratégies de cœur de portefeuille. De plus, les stratégies factorielles et sectorielles regagnent visiblement de l’intérêt aux yeux des investisseurs. Ces stratégies délivrent elles de la performance ? Vaut-il mieux investir dans les secteurs ou les facteurs ? Autant de questions clés pour la construction de portefeuille auxquelles nous tentons de répondre dans notre newsletter.
Marlene Hassine Konqui
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